28 juin 2025

Martin Eden

de Jack London

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978-2070793983

Le roman « Martin Eden » de Jack London, nous raconte l’histoire de ce jeune homme parti du bas de l’échelle sociale, puisqu’il était simple marin dans différents équipages. Fort, habile, grande gueule, charismatique, il est réputé dans son microcosme et c’est par goût de la bagarre, qu’il se trouve un beau soir à sauver la mise d’un jeune bourgeois qui s’était aventuré en des lieux un peu trop rudes pour lui. Pour le remercier, celui-ci l’invite à dîner chez lui (c’est un peu surprenant, mais bon…) et c’est ainsi que Martin découvre un monde dont il ne soupçonnait même pas l’existence et rencontre une jeune fille dont il tombera immédiatement éperdument amoureux : la sœur de celui qu’il a sauvé. Celle-ci n’est pas totalement indifférente à son charme barbare. Inculte, non éduqué et non policé comme il est, il va décider de se former entièrement et de les égaler tous, voire, les surpasser. Il va s’avérer que Martin est d’une intelligence, d’une volonté et d’une capacité de travail nettement au-dessus de la moyenne. Il va reprendre ses études à zéro, les mener au niveau supérieur dans les disciplines humanistes et sentir immédiatement qu’il a l’âme d’un écrivain. La demoiselle quant à elle, ne va jamais envisager de changer quoi que ce soit de son côté mais se met à l’aimer de plus en plus, sans jamais cependant croire en ses talents d’écrivain et en lui demandant jusqu’au bout de trouver un emploi bourgeois tandis que lui, toujours libre dans sa tête ne peut se concevoir domestiqué et découvre plutôt le darwinisme social de Spencer et la politique.

C’était le 10ème roman de Jack London. Il l’a écrit en 1909 alors qu’il avait 33 ans. (Il est mort à 40ans). On ne peut pas dire que ce roman soit autobiographique. Jack London n’est pas Martin Eden. On ne peut pas davantage nier qu’il y ait mis beaucoup de lui-même et qu’il se soit souvent vu sous ses traits. Il lui a attribué, des qualités et des défauts qu’il pensait être les siens, en les exagérant même. Il a par ailleurs nourri tout le roman d’aventures et d’anecdotes glanées directement ou indirectement, au cours de sa propre jeunesses. Eden est un London jeune, épuré.

J’ai longtemps repoussé la lecture de ce pavé. Je dois reconnaître que j’avais peur de m’ennuyer au moins un peu. Je craignais qu’il ait vieilli, que les passages un peu longs soient nombreux. J’ai eu la surprise de ne pas en trouver un seul ! Ce roman n’a pas pris une ride. On suit avec intérêt la croissance et les mutations de l’aventurier des mers écrivain. On y découvre une peinture sociale variée et très réaliste et juste. Il est rare que les vrais pauvres aient la parole. Surtout à cette époque. London la leur donne. Il peint leur condition et leurs façons de vivre, et pas un mot ne sonne faux. Il peint aussi la bourgeoise et grande bourgeoisie, de façon moins intime, certes, mais avec une objectivité clairvoyante qui marque ; et il se dépeint lui, qui ne fait bientôt plus partie du premier monde et ne sera jamais vraiment du second...

Quant à l’interprétation du roman, je me suis aperçue qu’elle pouvait beaucoup varier selon les lecteurs. Certains y voient surtout une histoire d’amour, d’autres une histoire politique et sociale, d’autre encore l’aventure personnelle d’un individu hors normes. Selon leur vision, ils expliqueront différemment la fin et le moment où il s’est perdu. Pour ma part, je considère que c’est lorsqu’il a arrêté d’écrire. Il n’aurait jamais dû. Et je n’en dis pas plus pour ne rien déflorer et laisser tout le plaisir à ceux que j’aurais convaincus de lire ce roman, ce que je ne saurais trop vous conseiller si ce n’est pas encore fait.

592 pages

24 juin 2025

Puzzle

de Franck Thilliez et MIG

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9782359105407

J’ai emprunté ce roman graphique à la bibliothèque parce que je n’ai jamais lu de roman de Franck Thilliez et que cette forme BD me permettait de le faire sans devoir lire 400 ou 500 pages de texte car je craignais que cela ne m’interesse pas beaucoup. Il s’est avéré que j’avais raison, je n’ai pas du tout été convaincue par ce scenario indigent. Pour résumer : le héros, un homme jeune, a été quitté par sa petite amie, mais ils participaient ensemble à un jeu de chasse au trésor en ligne et c’est en tant que partenaire qu’elle le recontacte car elle a trouvé un nouvel indice qui leur permet de progresser vers le faramineux butin de 300 000€.

Bon, alors, ce n’est pas compliqué. Vous voulez faire une histoire horrifique, vous vous demandez quels sont les décor effrayants où vous pourriez la situer pour mettre le lecteur en condition et vous vous répondez : cimetières, prison, hôpitaux borderline, salles chirurgicales ou de torture, asile psychiatriques avec enfermement, lobotomie forcée etc. Ah oui ! Très bon, ça ! On y va.



Le jeu conduit donc nos deux héros dans un ancien asile psychiatrique de sinistre réputation, maintenant abandonné. La sinistre réputation tient au fait que dans le passé, de nombreuses lobotomies et autres chirurgies sur des patient pas forcément consentants, y ont été pratiquées. Il est maintenant désert, ce qui ne le rend pas plus accueillant, d’autant que "pour ne pas être dérangé", des chiens féroces sont lâchés dans le parc qui l’entoure. Les derniers finalistes se retrouvent là pour la fin du jeu et l’attribution du trésor tant convoité. Dès l’arrivée, un message les avertit que rien ne sera réel à partir de cet instant car le jeu a commencé. Un message, car ils ne rencontreront jamais personne d’autre que les autres participants. Ils ne verront pas le/la/les (?) Maître du jeu. Ils trouvent bientôt un second message qui lui, dit que l’un d’entre eux va être tué. Est-ce un avertissement à prendre au sérieux ou cela fait-il partie du jeu ? Faut-il chercher à s’enfuir ou à découvrir les indices qui mèneront au trésor ? Etc.

Rien de bien nouveau, vous le voyez et rien d’original. On va enchaîner les clichés, la salle d’opération à l’abandon mais qui a l’air de servir quand même, la morgue déserte avec des corps présents ou pas… des cellules fermées, l’obscurité totale après une certaine heure, le doute entretenu en permanence et à bon compte sur la réalité ou la fiction d’un jeu de rôle (malgré quelques cadavres…) Une ou deux scènes un peu osées, mais si convenues… ! Et vous aurez même votre cimetière abandonné !


(pour info, il n’y a pas la moindre touche d’orange dans tout l’album à part un peu de rouge sur la couverture)

Donc, je le disais, on n’est jamais vraiment surpris. "Horreur" à bon marché et c'est parti pour une succession de clichés. Pour conclure, la clé de l’énigme est à la hauteur de ce qui a précédé.

Le travail du dessinateur en noir, bleu, blanc, est très professionnel et colle bien au texte. Rien à redire de ce côté. Rien de particulièrement inspiré ou artistique non plus, mais bon, il remplit le contrat.


20 juin 2025

Nous sommes le 21 juin, 😀

                Le Challenge des Pavés de l'été commence 💖

                            et se terminera le 22 septembre 2025

Si vous ne vous êtes pas encore inscrit, ce n'est pas grave, cela se fera automatiquement quand vous mettrez votre premier pavé.

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  PAGE RECAPITULATIVE PAVES DE L'ETE 2024

Actuellement :

11  participants 

pour  16 titres

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Comment ça va se passer?

Je vais relever ici les liens que vous aurez mis en commentaire et qui sont conformes aux règles du challenge.(Clic ici)



Les participants seront classés par ordre alphabétique jusqu' au 22 septembre. Le 23, il y aura aussi un récapitulatif selon les scores avec DISTRIBUTION DE MEDAILLES ! 👍👏

Les livres de plus de 700 pages pourront aussi participer aux Epais de l'été


Amusez-vous bien !  😄😁
Je sais qu'il y en a qui trépignent déjà dans les starting blocks

Qui partira la première?

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BELETTE2911

1- "La Maison des Soleils" d' Alastair Reynolds

2- "La Confrérie du sang -T2"  de John Gwynne

3- "Le Seigneur des Anneaux – 03" de J. R. R. Tolkien


DASOLA

1 - "Toutes les nuances de la nuit" de Chris Whitaker


INGANNMIC

1- "L’art de perdre" d'Alice Zeniter

2- "Ovni 78"  de Wu Ming

3 - "Le blues des phalènes" de Valentine Imhof


JE LIS JE BLOGUE

1 - "Le Chœur des femmes" de Martin Winckler


KATHEL 

1 - "Sarek" de Ulf Kvensler


MAPERO

 1 -  "Tupinilândia" de Samir Machado de Machado

2 -  "François Mitterrand, le dernier empereur" de Pascal Blanchard et Nicolas Bance


MISS SUNALEE

1 - "A Global History of Architecture" de  Francis D.K. Ching 


SACHA

1 - "Le patriarche" de Witi Ihimaera


SANDRION

1 - "L'appel du coucou" de Robert Galbraith


SIBYLLINE

1- "Martin Eden" de Jack London


TADLOIDUCINE

1- "Romans préhistoriques" de J.-H. Rosny aîné 



19 juin 2025

L'intranquille monsieur Pessoa

de Nicolas Barral

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978-2205206142


De Fernando Pessoa, je savais peu de choses : qu’il était portugais, que c’était un poète et un romancier. C’est léger. Aussi, quand j’ai vu cette biographie sous forme de roman graphique, je l’ai prise sans trop hésiter. Une bonne façon de combler mes lacunes. Je ne connaissais pas du tout l’auteur : Nicolas Barral, qui a tout fait ici, texte et dessins et ce, me semble-t-il pour la première fois. Si je ne me trompe pas, dans ses parutions précédentes, il n’était qu’illustrateur. Il a travaillé très sérieusement, comme l’atteste la bibliographie conséquente fournie en fin d’ouvrage, mais arrivé là, vous n’aurez de toute façon aucun doute à ce sujet. Les cinq étoiles que je lui colle aujourd’hui, attestent d’une biographie dessinée particulièrement fine, intelligente et réussie.

Nous commençons avec le personnage de Simão Cerdeira, jeune journaliste lisboète débutant en plaçant des piges dans différents journaux. Il rêve bien sûr de littérature, mais déjà, il doit assurer sa subsistance et un emploi de journaliste le comblerait. Parallèlement, Fernando Pessoa, pas si vieux mais rongé par son alcoolisme, va mal. Très. La rumeur se répand dans les milieux littéraires qu’il ne survivra plus longtemps avec son foie détruit par la cirrhose. Homme étrange et solitaire, aux positions politiques parfois douteuses, Pessoa est néanmoins un homme de lettres dont le talent est unanimement reconnu, aussi, dans les rédactions, commence-t-on à préparer des nécrologies à la hauteur du personnage. C’est la tâche qui est confiée à Cerdeira. Conscient que son avenir se joue là-dessus, et par ailleurs, réellement admiratif du talent de Pessoa, le jeune journaliste va mener une enquête très complète, lire ses œuvres, rencontrer le plus possible de personnes l’ayant connu de près aux différents moments de sa vie. 



C’est tout ce travail d’enquête que nous allons suivre. Parallèlement, nous allons suivre le Poète lui-même, depuis le dernier avertissement de son médecin jusqu’à son dernier souffle, et découvrir un homme qui a choisi de vivre seul, dans son monde intérieur. Contentant à bon compte son peu de besoin de compagnie par son passage quotidien chez son barbier voisin et sans doute quelques cafés pour les bavardages… C’est que Pessoa, on ne sera pas surpris de l’apprendre, a une vie intérieure très intense, et même, pourrait-on dire, très peuplée. Depuis toujours, il écrit sous plusieurs pseudonymes, refusant farouchement d’admettre que ces alias n’existent pas, il affirme toujours qu’il les connaît, les fréquente et n’est que leur porte parole. Ils lui ont remis leurs notes ou leurs manuscrits, il en a une malle pleine, à charge pour lui de les mettre en forme et les diffuser. Il ne variera jamais de cette version si bien qu’il est difficile de savoir exactement quelle conscience il avait lui-même de la chose. On pense à Antoine Volodine, et à ses multiples alias, la confusion des identités en moins. C’est ça être un poète et pas seulement un romancier.

Donc, richement documenté, présenté de façon extrêmement vivante, finement vu et intelligemment montré, j’ai adoré cette biographie qui montre tout, ne juge rien, et accompagne le poète de façon si humaine. Le dessin quant à lui, m’a enchantée. Quel talent ! Quelle union heureuse des couleurs (collaboration de Marie Barral), des angles de vue, des éclairages ! Cette BD est une totale réussite. Bravo.



14 juin 2025

 Le Barman du Ritz

de Philippe Collin

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978-2226479938

Roman historique dont on parle beaucoup en ce moment, ce «Barman du Ritz» va nous placer supposément dans l’esprit du célèbre barman et dans les coulisses de l’établissement iconique du luxe et de l’esprit parisien. Le récit commence avec l’arrivée des Allemands au bar et se termine avec celle des Américains. Quatre ans se sont écoulés, quatre ans durant lesquels il a bien fallu… s’adapter. La France envahie honteusement s’était repliée sous la ligne de démarcation, Pétain entouré de sa clique qui n’allait faire que croître et donner de plus en plus de gages aux nazis sans trop se faire prier. Mais le Ritz est à Paris, je ne vous l’apprendrai pas et lui, avait bel et bien les nazis à sa table et à son zinc. Il fallait faire bonne figure, et sans avoir l’air de se forcer. Et, comme tous les comportementalistes vous le diront, à force de mimer un sentiment, on l’éprouve. Telle était la France occupée. Une partie de la population essayant de vivre avec le minimum de changements et qui dirait à la Libération ne jamais avoir collaboré ; et une autre partie qui elle, de par sa profession, était bien obligée de cohabiter de manière rapprochée et donc de se soumettre davantage.

« Au fond, le pays ne demandait que ça : la paix et basta cosi. »

Et puis les lois antisémites, qui se mettent en place et là encore, deux clans chez les Français, ceux qui approuvent et ceux qui choisissent le déni. Souvenez-vous de vos arrières-grands-parents vous racontant qu’ils ne savaient pas.

Les années passaient, chacun avait une famille à nourrir, des proches à protéger, un commerce, une carrière à mener… il fallait bien faire avec. Il ne faut jamais oublier que la grosse différence entre eux et nous, c’est nous savons que cela a duré quatre ans. Eux l’ignoraient. Tel que c’était parti, les Allemands pouvaient très bien être là pour toujours. Ça change la façon d’estimer les choses et de choisir un comportement. Les irréductibles ont organisé la résistance, mais on n’en parle pas dans ce roman. Les autres se sont adaptés.

« Quant à tous les autres, guidés par l’opportunisme et surtout par la peur de perdre leurs privilèges, ils se sont adaptés aux exigences des temps nouveaux. »

Le Ritz au premier rang, c’est le moins qu’on puisse dire, mais Guitry, Arletty, Chanel, Cocteau, Mistinguett aussi, fidèles clients de l’établissement. Bref, de l’adaptation à la collaboration il n’y a qu’un pas sur une surface bien glissante… Si bien qu’à la fin,

« Au fond, personne n’aura envie de savoir ce qui s’est passé dans ce bar pendant quatre ans. Telle est la vocation d’un palace : un palais de contes de fées où le rêve ne doit jamais s’interrompre. »

Mais je le rassure, il y a bien d’autres endroits où on n’a pas eu envie de savoir, globalement, tous ceux où les personnages concernés étaient nécessaires à la poursuite des activités et au retour à la normale. On s’en est tenu aux cas les plus criants. Le pragmatisme gagne toujours.

Voilà ce que nous raconte ce roman historique : quatre années d’occupation nazie dans le Tout Paris. Il mêle une majorité de personnages réels et de faits historiques à quelques personnages fictifs apportant une touche émotionnelle. La focalisation sur le barman permet une vision toute personnelle et même une histoire d’amour. Il y a un peu de suspens, une résistance, plutôt suggérée que vraiment prouvée, il faut bien le dire. Du trafic de faux papiers qui sauve quelques Juifs, mais si bien rémunéré qu’on se demande si on est dans la résistance ou dans le business. Le barman sauve un jeune juif, mais celui-là, c’est un personnage fictif. Hemingway s’en va, Hemingway revient, et l’histoire est finie. Je n’ai pas spécialement aimé notre héros, j’ai méprisé (même si elle a pris cher) sa Blanche bien aimée qui confond addiction incontrôlée et résistance. J’ai compati pour certains mais globalement, ils sont tellement tous dans la normalité moyenne qu’on ne s’attache pas vraiment et j’ai trouvé que le récit manquait un peu de rythme et de punch au moins dans sa première moitié. Cependant, je l’ai lu avec intérêt et sans avoir à me forcer.

La maison d’édition, qui a du savoir-faire, a publié en même temps « L’Art du cocktail: Par le barman légendaire du Ritz » de Frank Meier, que les amateurs d’alcools forts et/ou d’Histoire et/ou les alcooliques mondains s’empresseront d’acquérir, mais moi j’en suis restée au pianocktail de Vian.


09 juin 2025

Vivre, Le compte à rebours

de Boualem Sansal

***

9782073044778


J'ai lu ce livre pour reparler un peu sur mon blog de Boualem Sansal car je trouve important de ne pas laisser tomber dans l'oubli les écrivains emprisonnés pour délit d'opinion, que cette opinion soit la mienne ou non. La place des écrivains n’est pas en prison.

Au plus profond de son sommeil, Paolo, agrégé de mathématiques, sent son cerveau "hacké" par une entité qui y installe certaines connaissances, très parcellaires mais dont la principale n'est pas anodine puisqu'il s'agit de l'annonce de la fin du monde dans 780 jours et la seconde, qu'il est chargé de regrouper des personnes de son choix qui seront sauvées au moment ultime. Comment, pourquoi, qu'est-ce? et qui parle??? De tout cela il n'a pas la moindre idée et c'est donc un Paolo plus que perplexe qui reprend le lendemain sa routine quotidienne sans trop savoir quoi faire de ce rêve ou de cette Révélation. J'avoue que je n'avais aucune chance de résister à un tel point de départ. Je m'imagine immédiatement à sa place, que faire ? que penser? Que croire? 780 jours, c'est court quand même et d'abord, est-il bien utile de retourner travailler?

Plongé dans ses pensées, notre héros découvre un jour une affichette "-780" collée à la fenêtre d'un appartement parisien. Stupéfait, il se dit que cela ne peut être une coïncidence sans signification et entre en contact avec l'auteur de l'avis, découvrant ainsi qu'il n'est pas le seul à avoir reçu cette révélation. Nos deux "Appelés" sympathisent et se mettent en tête de rechercher d'éventuels confrères de par le monde…

Ça aurait pu être génial, et pourtant, dans un premier temps, j'ai vraiment détesté ce roman; mais vraiment détesté, au point de l'abandonner... pendant une bonne dizaine de jours. Puis je me suis dit que c'était Sansal quand même, que je ne pouvais pas ne pas lui donner entièrement sa chance, et je l'ai repris.

Pourquoi je l'avais détesté? Parce que notre Paolo, se prend pour un trublion plein d'esprit et veut à tout prix nous faire profiter de sa verve et que pour moi, ça tombait à chaque fois à plat. Il multiplie les remarques annexes qui, non seulement diluent le récit mais de plus sont parfois douteuses voire ridicules. Comme par exemple page 64 quand il utilise l'expression "Fouette cocher" et fait ensuite semblant de craindre les attaques des défenseurs des animaux ce qui nous vaut une note de 6 lignes! 6 ! Pour cette blague vaseuse ? Et ce n'est pas le seul exemple. 

Au moment de choisir qui il va sauver ou non, il consulte des "Sages", ce qui nous vaut une galerie de portraits ni très clairs, ni très bien vus (à mon sens) et s'oriente vers un choix des Sauvés en reproduction du monde actuel. Ce qui m'a semble aussi peu clairvoyant que peu audacieux. Mais bon, notre Paolo libère ses détestations et comme toujours, la haine l'égare. Il lance des piques un peu dans tous les sens comme si son esprit pétillait mais hélas, je ne trouvais pas cela drôle, même pas amusant, des remarques qui ne tombaient pas justes ou des enfonçages de portes ouvertes, des simplifications, bref de la pacotille. C'était bavard, verbeux, il jacassait, Paolo. J’espère qu’il ne représente pas l’auteur. Je me suis tout de même fait la réflexion que Sansal devait être depuis trop longtemps entouré d'une cour de flatteurs trop empressés à s'esclaffer de ses moindres mots. Mais qu'en sais-je? Et qu'importe d'ailleurs, ce temps est loin hélas et je remettrais bien volontiers Sansal parmi ses admirateurs mais là, le livre au si bon sujet m'ennuyait au lieu de me passionner. Et c'est ainsi que j'avais abandonné ma lecture, plutôt agacée qu'autre chose par ce gâchis.

Mais j'ai déjà vendu la mèche, je suis revenue. Pas tant par attirance que par une sorte de "sens du devoir". Pennac a beau dire, il y a des lectures qu'on n'a pas vraiment le droit d'abandonner.

Et le temps avait passé. De -780, nous étions passés à -365, j'avais fait mon deuil du chef-d’œuvre de SF espéré et j'étais prête à me contenter de bien moins, peut-être aussi que je m'étais habituée, peut-être que de son coté, l'auteur avait usé le plus gros de son stock de traits d'esprit et commençait à se calmer, je ne sais, mais au final, la fin du livre s'est mieux passée. Bon, il a quand même éludé tout le socio-politique, il est resté dans le flou quant aux critères de choix et a fait abstraction de deux ou trois continents, bref, raté au niveau SF. Mais, il y a quand même eu des moments plus intéressants où j'ai retrouvé le Boualem Sansal que j'aime..

"... l'humanité est entrée dans un temps inversé dans lequel l'intelligence, les sciences et les arts, se développent dans les mémoires vives des ordinateurs pendant que l'ignorance et la bêtise s'agitent pompeusement dans les cerveaux stériles des hommes. Entre les deux, il y a encore des passeurs, des traducteurs, des défenseurs des droits humains, et plein d'invisibles agents de service chargés des utilités, mais arrive le jour, pas si loin, où les machines devenues quantiques n'auront plus besoin des hommes, pas même pour leur brosser les câbles, déboucher les grilles de ventilation, les épouiller, les débarrasser de leurs virus, les rafraîchir. Et, comme allant de soi, une fois abrités dans leurs blockhaus aseptisés, ils ne se laisseront plus approcher…"

L’IA m’intéresse et je me demande moi aussi si ça va se passer comme ça.

Bref, sûrement pas le meilleur Sansal, mais à lire quand même en espérant qu'il recouvre très bientôt la liberté, la sécurité et son stylo. Le monde a besoin d'écrivains.


05 juin 2025

L'affaire du voile

de Pétillon

*****


9782226132451

Comme ma précédente chronique le laissait deviner, j'ai bien vite retrouvé les fabuleux dessins de Pétillon et mon Palmer adoré qui cette fois officie à domicile : Paris et région parisienne. De plus, alertée par le titre de ce treizième opus, je brûlais de curiosité : Comment allait-il se dépatouiller d'un problème aussi délicat qu'une affaire de voile?

Comme l'époque le veut, les contacts avec les clients se font maintenant par internet. Réseaux sociaux, e-mails et documents virtuels... Vous l'aurez peut-être deviné, Jack Palmer ne maîtrise pas vraiment. On pourrait même dire que chez lui, tout ce qui passe par l'informatique peut être considéré comme perdu. Cela ne simplifie pas les choses quand il s'agit de faire tourner sa petite entreprise... Mais enfin, présentement, il a une enquête.

Jack a été chargé par une mère éplorée de retrouver sa fille qui a fugué. Il est sur une piste et il semblerait que cette fille de la grosse bourgeoisie (père chirurgien de renom, mère dentiste) se soit soudain convertie à l'islam le plus radical et qu'elle ne vive plus maintenant que strictement voilée. Les parents qui n'avaient rien vu venir ne l'entendent pas de cette oreille.


Comme à son habitude, Palmer fait simple. C'est un type sans complication. Il cherche une femme voilée, il fait donc le tour des magasins adéquats

Puis va tout bonnement poser la question dans les quartiers tout aussi adéquats. Il ne voit aucun problème à aller tout aussi simplement la poser aux lascars du coin.


Il rencontre un imam non intégriste qui le reçoit bien mais sait peu de choses, et qui a des soucis avec les intégristes qui lui font concurrence et ont envahi sa mosquée. Alors, Palmer les rencontre aussi. De voile en burqa, son enquête va le mener à la porte d'un pensionnat coranique pour femmes, aussi fermé qu'on pouvait le supposer. Aux grands maux, les grands remèdes, Palmer va passer à l'action. Autant dire que tout peut arriver... et on ne sera pas déçus.

Encore une brillante enquête de notre génial détective et je louche déjà sur la prochaine parce que Jack Palmer, c’est comme les cacahuètes, plus on en prend, plus on en a envie. Il n'aurait pas fallu recommencer, mais c'est trop tard...


03 juin 2025

 CHALLENGE PAVÉS DE L’ÉTÉ 2025

Bonjour aux anciens comme aux nouveaux , je suis plus qu'heureuse de vous (re)trouver cette année 🙂

Si vous voulez participer aux Pavés de l'été 2025, il est temps de vous inscrire. Je rappelle les règles du jeu, peu nombreuses mais ne souffrant aucune exception 😇: 

1) Lire au moins un livre D’AU MOINS 500 PAGES (tolérance zéro pour le nombre de pages) pouvant être un roman, une (auto)biographie, un récit - témoignage ou encore un essai (mais pas de roman graphique car la perception du nombre de pages est différente). C’est un volume unique (on ne peut pas additionner les pages des volumes d’une série pour arriver au total requis, à moins qu’un éditeur ne les ait rassemblés dans une intégrale papier).

2) Ce livre, vous pouvez le lire dans sa version papier ou numérique ou l’écouter en version audio, mais IL DOIT EXISTER DANS UNE VERSION PAPIER D’AU MOINS 500 PAGES en français (je me réfèrerai au nombre de pages annoncé sur les sites Fnac ou Amazon puisque c'est un renseignement qu'ils donnent toujours)

3) A la fin de votre billet, vous mettez  un lien vers la Page récapitulative (obligatoire) elle fonctionnera le 21.

https://la-petite-liste.blogspot.com/search/label/PAGE%20RECAPITULATIVE%20PAVES%20DE%20L%27ETE%202025

et si possible, le logo du Challenge (ci-dessous). En échange vous mettrez votre propre lien sur les pages du challenge.


4) Durée du Challenge : du 21 juin au 22 septembre inclus
Modalités de participation :

  • inscriptions dans les commentaires du présent billet dès à présent 
  • publication des billets (ou critiques sur n'importe quel réseau social pour les non blogueurs) à partir du 21 juin (et pas avant). Ces billets doivent obligatoirement faire au moins une quinzaine de lignes (éventuelle 4ème de couverture non comprise).
  • dépôt des liens vers vos billets via les commentaires de la Page Récapitulative qui ouvrira sur La petite LISTE le 21 juin. Une fois homologués (très rapidement si les 3 premiers points du règlement sont ok), ils iront dans la page récapitulative elle-même.

N’hésitez pas à poser vos questions éventuelles dans les commentaires. Faites de la pub, plus on est nombreux, plus c'est intéressant.

ALORS, PRÊT(E)S A RELEVER LE DÉFI 🙂 ?

Inscrivez-vous dans les commentaires



PARTICIPANTS  par ordre d''inscription: 



31 mai 2025

Une canaille et demie

de Iain Levison

***+

979-1034906642

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque car je n'avais encore lu aucun roman de Iain Levison alors que je le vois régulièrement commenté sur les blogs. C'est un roman policier.

Dixon, qui se préoccupe pourtant de son karma, se joint à une bande de malfrats pour tenter le braquage d'une banque. Il le fait car il sort juste de prison et n'a pas un radis et pas davantage de situation. Or, il rêve d'acheter une petite ferme dans l'Alberta et d'y couler des jours paisibles. Comme il n'a pas une trop haute opinion des capacités de ses complices (mais pas de leur dangerosité), il s'est discrètement préparé sa propre voie de sortie. Il a bien fait. Le braquage a lieu, il tourne mal comme on pouvait s'y attendre, mais Dixon parvient à s'enfuir avec un sac plein de dollars.

A des kilomètres de là, dans le New-Hampshire, l'ambitieux Elias White mène son existence de frustré. Prof d'Histoire aux dents qui rayent le parquet il trouve bien long le temps que les autres mettent à reconnaître sa valeur exceptionnelle et à lui offrir les postes correspondants. En attendant, il travaille sur une grande recherche visant à faire comprendre à tous comment/pourquoi, le nazisme a séduit les foules. En attendant encore, c'est lui qui ne comprend pas le coté scabreux de son travail et pourquoi les gens ont plus tendance à s'en détourner qu'à s'y intéresser. Bref, gloire et reconnaissance ne semblent guère approcher et en attendant, il se console avec ses élèves les plus délurées.

Vous aurez deviné que Dixon va atterrir chez Elias, poursuivi par toutes les polices, incarnée ici par Denise Lupo, excellente inspectrice mais qui se heurte de façon irrémédiable au plafond de verre et qui commence à s'en lasser.

Si cette petite présentation vous met en appétit, n'hésitez pas car c'est un polar bien écrit et très bien mené. Vous en aurez pour votre argent. Par contre, si vous cherchez quelque chose d'un peu plus original , plus captivant ou qui pique un peu plus la curiosité... allez plutôt lire Billy Summers. Pourtant, j’ai bien aimé l'énorme cynisme désabusé de ce polar qui nous montre une élite intellectuelle des universités ne valant pas mieux que les malfrats officiels, sous les yeux d’une police et d'une justice sans morale. Je lirai sans doute d’autres titres de cet auteur, il y en aura bien un où il m’étonnera.