29 juin 2024

Americana 

(ou comment j'ai renoncé à mon rêve américain)

de Luke Healy

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Luke Healy, Irlandais, a toujours voulu vivre aux États Unis. Il a obtenu ou pas, selon les années des visas pour y passer des périodes d'études et son projet initial était de s'y installer et rejoindre la cohorte des Irlandais partis se faire une nouvelle vie "en Amérique". Mais Luke est un artiste. Plus précisément, il travaille dans la bande dessinée et on dirait que les USA ne recherchent pas particulièrement des immigrants dans cette branche, si bien qu'après plusieurs déceptions, il commence à envisager de renoncer à son projet, mais auparavant, il voudrait accomplir un dernier exploit: réussir le Pacific Crest Trail qui va du Mexique au Canada « en traversant 25 parc nationaux ».

"Le Pacific Trail traverse des déserts arides, des sommets enneigés, des forêts quasi tropicales et sillonne les Etats de Californie, d'Oregon et de Washington.   


Exploit sportif considérable alors que Luke n'est pas spécialement sportif, exploit humain personnel car il s'y engage seul et que c'est seul qu'il devra affronter ces heures, jours et semaines de marche difficile, ces nuits sous la tente, ces bivouacs sous la pluie et les éventuels coups durs (comme la visite d’un ours). Luke n'est même pas un campeur expérimenté. Il finit de nombreuses nuits sous une tente effondrée car nous sommes avant l'invention des tentes-parapluies et il s'avère que notre randonneur ne sait même pas fixer une tente correctement. Au début, il n'est même pas un très bon marcheur. En clair, notre héros manque d’entraînement, "Il n'y a pas de déserts en Irlande".

Sur le chemin du trail, on rencontre assez souvent d'autres randonneurs avec lesquels on discute, on échange des informations, des conseils, d'autant que certains n'en sont pas à leur premier passage, on se lie d'amitié. Des groupes se forment mais ils sont éphémères car c'est une marche que chacun doit faire à son rythme. Luke est lent, de toute façon, il ne peut rester longtemps avec aucun groupe. Tous échangent néanmoins camaraderie, solidarité, partage et soutien mutuel bien que chacun se doive d'être autonome. Ils se retrouveront plus loin ou non. Peut-être à l'occasion d'une halte dans une bourgade, McDo, motel... Beaucoup abandonneront à un moment où à un autre du parcours, que cela soit prévu ou non. Pour Luke, je vous laisse le découvrir vous même.

Voici le départ: "Une centaine de personnes seulement parviennent chaque année à boucler le PCT*. Entre le kilométrage monstrueux et la fenêtre météo extrêmement réduite, ce trek est impitoyable. Je triture encore mon sac à dos comme si je n'avais pas passé les deux derniers jours à vérifier son contenu. Au nord, je devine l'étendue du désert derrière les collines environnantes. Cette langue de terre américaine sera mon foyer pour les cinq prochains mois. Le compte à rebours a déjà commencé, mieux vaut ne pas y penser." D'autant que dans cinq mois, son visa aussi arrivera à expiration et que, parcours terminé ou non, réussi ou non, il devra quitter les USA sans aucune prolongation possible.

Mi-pages de lecture, mi-bande dessinée comme on le voit ici :

avec un dessin et un choix graphique parfaitement adaptés et un personnage (l'auteur) que j'ai trouvé particulièrement attachant, « Americana » est toujours agréable à lire et constitue un vraiment excellent récit de trail, une expérience de vie, l’occasion d’un bilan et un tournant dans la vie du narrateur tant il est vrai que la marche y est propice, alors 4000 km, vous pensez !

978-2203211933

24 juin 2024

Le problème à trois corps

de Cixin Liu

***+


Je me suis lancée dans la lecture de ce roman de science fiction parce que la série était sur Netflix et je ne veux pas regarder la vidéo avant d’avoir lu le roman dont elle est inspirée. Ce "problème" est le premier volume d’une trilogie* mais je peux dire dès maintenant que je n’irai pas plus loin et voici pourquoi :

Tout d’abord une quatrième de couverture bien intrigante, qui vous donne envie d’aller voir tout cela de plus près : En pleine Révolution Culturelle, le pouvoir chinois construit une base militaire secrète destinée à abriter un programme de recherches de potentielles civilisations extra-terrestres. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de «rééducation» parvient à envoyer dans l’espace un message contenant des informations sur la civilisation humaine. Le signal est intercepté par les Trisolariens qui s’apprêtent à abandonner leur planète mère, située à quatre années lumières de la terre et menacée d’un effondrement gravitationnel provoqué par les mouvements chaotiques des trois soleils de son système. En raison de la distance, Ye Wenjie met près de huit ans à recevoir la réponse des Trisolariens. Elle tient désormais entre ses mains rien de moins que le destin des l’espèce humaine.

Trente-huit ans plus tard, alors qu’une étrange vague de suicides frappe la communauté scientifique internationale, l’éminent chercheur en nanotechnologies Wang Miao est témoin de phénomènes paranormaux qui bouleversent ses convictions d’homme rationnel. Parmi eux, une inexplicable suite de nombres qui défile sur sa rétine, tel un angoissant compte à rebours…

Avouez qu’il y a de quoi avoir envie d’y jeter un œil. Malheureusement, j’ai assez rapidement déchanté. Après un démarrage tonitruant avec une scène très violente de la Révolution Culturelle, les choses s’embrouillent quelque peu. D’abord, le style n’est ni beau, ni habile. Impossible pour moi de savoir si cela tient à l’art de Liu Cixin ou à la traduction, mais disons que c’est une écriture fonctionnelle. Le problème majeur qui se pose très rapidement au lecteur, c’est celui des personnages : une avalanche de noms chinois pas évidents à reconnaître pour nous, a tenté de me submerger et y serait parvenue sans aucun doute si je ne m’étais pas rapidement mise à prendre des notes : nom, prénom, fonction. J’en ai bientôt eu une assez longue liste vers laquelle je me suis souvent tournée pour savoir de qui on me parlait. Ensuite vient le problème des ambitions scientifiques. L’action est sans cesse ralentie par de grandes tartines d’explications physiques, astronomiques, mathématiques etc. longues de plusieurs pages, vraiment. Ces explications ne riment à rien. Elle lassent le lecteur, coupent toute action et ne prouvent rien au final parce justement, ce n’est pas réel. Et puis bon, les ambitions scientifiques ont intérêt à être modestes quand sur la même ligne, on parle d’une ligne infinie et qu’on donne sa longueur (fin p. 393).

En ce qui concerne la valeur psychologique, ce n’est pas mieux. Les relations de Ye Wenjie avec sa fille me plongent dans un abîme de perplexité (je verrai que la série a essayé de rattraper le coup sans vraiment y parvenir). Je ne développe pas pour ne pas divulgâcher mais quand même, on n’y comprend rien. Par ailleurs, la plupart des personnages, même importants comme Wang Miao n’ont aucune vie en dehors du déroulé de l’histoire. Ce qui explique sans doute que la version filmée n’ait tenu aucun compte du roman dans ce domaine et ait joyeusement redistribué les rôles, n’hésitant pas à supprimer et créer. La pointilleuse parité qui règne maintenant sur les productions nous vaut aussi une éventail scrupuleux des genres et couleurs de peau parmi les protagonistes alors que les personnages d’origines sont tous chinois et majoritairement mâles.

Vous l’avez sans doute senti venir, tout cela se termine un peu dans le flou, d’autant qu’il y a une suite pour dans quelques siècles mais même cette première partie reste en suspens. J’ai vraiment dû m’entêter pour aller au bout, au point qu’à 5 ou 6 pages de la fin, j’ai failli refermer le livre pour ne jamais le rouvrir. Mais comme il y avait quand même eu une scène surprenante et inventive (« la cithare de mort »), je lui devais ça. Ce passage sur le Canal de Panama est un vrai morceau de bravoure et pourrait justifier la lecture du roman. Le problème de ce roman, c’est vraiment l’écriture, la lourdeur, le manque de rythme, les longueurs… cependant l’histoire en elle-même n’est pas mauvaise et aurait pu être mieux servie pour nous offrir un livre captivant. Je me demande si les versions en série vidéo ou en bande dessinées sauront corriger les défauts.

Je me demande comment la série de Netflix a géré tout cela. Pour l’instant je n’ai regardé que 3 épisodes sur 8 ce qui correspond environ à la page 300 et quelques du livre qui en comporte 512 (quand je vous disais que le début s’enlise dans les longueurs. La vidéo à dégraissé). Il reste donc 5 épisodes de la série pour les 200 et quelques dernières pages, à moins qu’ils n’aient regroupé les 3 volumes de la trilogie sous le titre du premier... Je reviendrai peut-être compléter ici quand je les aurai vus (si je vais jusqu’au bout parce que ce n’est pas enthousiasmant non plus).

Je suis revenue, donc bilan: Ce n'est pas emballant non plus en vidéo mais tout de même, ça prend un peu de rythme sur la fin. Cependant, je pense que s'il y a d'autres saisons, je ne m'y intéresserai tout de même pas. Juste noté une péripétie qui m'a fortement rappelé "Mars attacks", résultat: j'ai failli rire à un moment dramatique...


Trilogie:

Le Problème à trois corps

La Forêt sombre

La Mort immortelle



978-2330181055

‎ 512 pages


20 juin 2024

 PAGE RECAPITULATIVE PAVES DE L'ETE 2024


Nous sommes le 21 juin, 😀

                Le Challenge des Pavés de l'été commence 💖

                            et se terminera le 22 septembre 2024

Si vous ne vous êtes pas encore inscrit, ce n'est pas grave, cela se fera automatiquement quand vous mettrez votre premier pavé.

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9 participants actuellement

pour 11 titres

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Comment ça va se passer?

Je vais relever ici les liens que vous aurez mis en commentaire et qui sont conformes aux règles du challenge.(Click ici)


Les participants seront classés par ordre alphabétique jusqu' au 22 septembre. Le 23, il y aura aussi un récapitulatif selon les scores avec DISTRIBUTION DE MEDAILLES ! 👍👏


Amusez-vous bien !  😄😁
Je sais qu'il y en a qui trépignent déjà sur les starting blocks

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PS: Si votre pavé fait plus de 650 pages, vous pouvez aussi le mettre dans les Epais de l'été
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BELETTE

1- "Les veuves de Malabar Hill" T1 de Sujata Massey 

2 - "Mafioso" de Ray Célestin


CHRISTW

1- "La face nord du cœur" de Dolorès Redondo


INGANNMIC

1- "L’audacieux monsieur Swift" de John Boyne 

 2- "Le cimetière de Prague" d'Umberto Eco


JE LIS JE BLOGUE

1 - "L’été des quatre rois" de Camille Pascal


KATHEL 

1 - "La brillante destinée d’Elizabeth Zott" de Bonnie Garmus


LA GEEKOSOPHE

 1- "La promesse du sang" de Brian 


MARA

1 - "48 histoires vraies de crimes glaçants" de Christophe Hondelatte


SIBYLLINE

1- "Le problème à trois corps" de Cixin Liu


TADLOIDUCINE

1- "Un président ne devrait pas dire cela" de G. Davet & F. Lhomme

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19 juin 2024

Shit !

de Jacky Schwartzmann

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Jeune auteur et scénariste de bandes dessinées et de longs-métrages, Jacky Schwartzmann publie des romans noirs dotés d'un certain humour, assez dans l'air du temps (La Daronne, Mamie luger etc.).

Ici nous avons un jeune conseiller pédagogique qui, suite à une rupture amoureuse, débarque dans un quartier défavorisé de Besançon. Il est contraint de se loger dans la cité sensible plus orientée trafics qu'études et se heurte dès son arrivée au fait que le hall de son immeuble est gardé par le cerbère des trafiquants qui exige qu'il lui montre son justificatif de logement à chaque fois (toute tentative de discussion se soldant par une grosse baffe), et au second fait que le point de deal de tout le quartier est la porte en face de son appartement. Il ne connaît rien des us et coutumes de ce petit monde mais se voit dans l’obligation de vite en découvrir et accepter les règles. A part cela, au travail, ça se passe assez bien, il est bien sûr purement décoratif pour une bonne partie des élèves.

Vous savez comment c'est, le monde du trafic de drogue est plutôt dangereux, et voilà qu’un beau soir, les frères Mehmeti, propriétaires du point de deal, se font descendre et que le hasard veut que Thibault se retrouve en possession de tout leur stock, drogue et argent! Que faire ? Le remettre à la police? bien sûr... en théorie. Mais il y en a pour des millions et Thibault qui se présente comme une sorte de Robin des Bois des HLM, est entouré de gens méritants qui auraient bien besoin d'un petit coup de pouce...

Vous devinez la suite, notre CPE s'approprie le stock puis, une chose en entraînant une autre, il doit mettre sur pied son propre réseau de trafic, se sécuriser rapidement puis, comme il y a forcément un courant aspirant et des envieux dangereux, grossir et s’organiser toujours mieux. Et ce n'est pas facile quand on débarque et qu’on n’y connaît rien ni personne. Mais son seul avantage justement est sans doute que, ne connaissant pas les habitudes en ce domaine, il doit tout inventer tout seul et surprend ainsi concurrents et policiers. Mais pour faire du trafic de drogue, ne doit on pas finalement se retrouver avec une mentalité et un comportement de trafiquant de déchéance et de mort? Cette lecture nous le dira.

L'ensemble capte l’intérêt et on ne s'ennuie pas à suivre les aventures de Thibault, même si, pour ma part, je me suis de plus en plus éloignée de lui. Mais on a envie de voir ce qui va se passer et comment tout ça va évoluer. Le ton est plus amusant que dramatique sans que l'on ait vraiment des scènes comiques, mais si j'avais un conseil à donner à l'auteur, se serait d'abandonner les portraits à charge (le concierge alcoolique puis sa voisine, les végétariens qui peuvent bien manger ce qu'ils veulent, non? les chauves, etc.). Exemple ;

"Cela doit faire une bonne dizaine d'années maintenant que les chauves ont trouvé cette parade: la barbe. Ils en tirent une arrogance, une assurance de chauves décomplexés. C'est une véritable coming-out capillaire. Et souvent, ils ont ce sourire qui veut dire : J'ai gagné la guerre des cheveux, dépassé ce handicap, transcendé la sacro-sainte coupe de veuches! "

Il est plus hargneux que drôle et moi, l'agressivité inutile, ce n'est pas mon truc. Je préfère de loin vivre et laisser vivre. Parfois aussi, à lire Schwartzmann , on se croirait au zinc du café PMU de la Poste si ça existait encore. "Nous passons tellement de temps devant des écrans que la réalité est devenue secondaire, anecdotique. Nous passons tellement de temps devant des écrans que nous nous évaporons physiquement. Certains décident qu'ils ne sont ni un homme, ni une femme, la réalité biologique étant balayée d'un revers de main." Non mais sérieux? Tu t''entends, là? Le sujet est peut-être un petit peu complexe pour être évacué ainsi, non? Et puis derrière tout ça, il y a des gens. Alors, c'est mon bémol. Bonne histoire, bien menée, avec des choses originales mais qui serait mieux sans les... disons, "considérations philosophiques".

978-2253196143

14 juin 2024

La vie secrète des animaux
de  Peter Wohlleben
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Peter Wohlleben est forestier depuis plus de vingt ans en Allemagne, où il dirige une forêt écologique. J'ai audio-lu cet ouvrage dont il existe aussi une version papier. Je l'ai trouvé au hasard d'une fouille dans les bacs de l’audiothèque et choisi pour agrémenter de longues heures de route. Ce n'était pas trop mal choisi. L'ouvrage est composé de chapitres assez brefs et abordant des sujets précis et des questions que, je pense, tout le monde s'est posées un jour ou l'autre, et il fait le point sur l'état des connaissances scientifiques sur le sujet.

Si presque plus personne ne pense (ou du moins ne soutient) que les animaux ne ressentent pas la douleur (à part les pécheurs ou dans les abattoirs), les discussions restent ouvertes concernant les sentiments et le degré de complexité de ceux-ci. Par exemple, puisque les animaux sentent le douleur, la craignent-ils? Ont-ils peur à l'avance? Dans ce cas, il faut admettre qu'il y a compréhension de la situation à un degré d'abstraction qui permet une projection dans le futur. Ont-ils des tactiques d'évitement? Et donc peuvent-ils faire preuve de ruse? Peuvent-ils mentir pour arriver à leurs fins? Le font-ils consciemment? Comme l'oiseau qui fait semblant d'être blessé pour que le prédateur le suive, s'éloignant ainsi du nid menacé, ou inconsciemment comme ses papillons dont les taches font passer leurs ailes pour une grosse tête dont les ocelles seraient les yeux. Ces animaux, de l’insecte au primate, ressentent-ils l'injustice? Se vexent-ils? (Ma chienne se vexe assez facilement, il n'y a aucun doute là-dessus). Bref, cet ouvrage examine ce que l'on est de plus en plus obligés d’accorder aux animaux d'accès aux sentiments et à la réflexion. Chacun de ces sentiments jusqu'ici prétendument strictement humains, fera l'objet d'un chapitre et pour chaque chapitre, Peter Wohlleben  fera état d'anecdotes qu'il a vécues ou dont il a eu connaissance ainsi que des expériences et conclusions scientifiques en leur état actuel. Certains de ces chapitres n'apprendront pas grand chose de neuf à ceux qui, comme moi, s'intéressent déjà aux animaux depuis longtemps, mais ils leur fourniront au moins des éléments objectifs toujours utiles dans une discussion. Un chapitre particulièrement marquant traite des sentiments d'empathie et de compassion (même si à mon avis, ce second terme est un peu inapproprié) éprouvés par les bêtes. De nombreuses  expériences ont été faites par des scientifiques, démontrant abondamment que certains animaux en étaient pourvus alors que les scientifiques n'en avaient aucune.

En conclusion, je conseille cet ouvrage qui trouvera bien le moyen d'étonner à un moment ou à un autre, même les connaisseurs et qui est par ailleurs tout à fait accessible aux néophytes dès l'adolescence. Grâce à la façon de raconter et à la multitude d'anecdotes, la lecture est plaisante et jamais rébarbative, grâce aux données scientifiques, il vous évitera de confondre savoir et croire et vous donnera toutes les connaissances de base et tous les arguments nécessaires pour vous-mêmes ou dans une discussion.


‎ 978-2352047377



09 juin 2024

Les couleurs de nos souvenirs

Michel Pastoureau

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Voici au format poche et sans aucune illustration ni couleur, sauf celles de la couverture, un livre qui nous parle des couleurs... et à vrai dire, cela ne pose aucun problème. Nous savons bien ce que rouge, bleu ou jaune veut dire et pour les nuances, eh bien, justement, on en parle.

« l’absence d’images en couleur gêne-t-elle le lecteur ? Je ne le crois pas.Je pense au contraire que les couleurs sont d’abord des concepts, des idées, des catégories intellectuelles. Ensuite, ce sont des mots, c’est à dire des étiquettes capricieuses qui varient dans le temps et dans l’espace et qui souvent prennent leurs distances avec la réalité. Pour parler des couleurs, nous sommes prisonniers de ces mots. Enfin - mais enfin seulement – les couleurs sont des matières, des lumières, des perceptions, des sensations. »

Vous allez en apprendre beaucoup sur les couleurs et sur leur histoire, et plus encore sur Michel Pastoureau, car peut-être que, comme moi, vous avez été trompés par le titre. "Les couleurs de nos souvenirs" avez-vous lu et vous avez eu quelques réminiscences et vous avez pensé que l'on allait vous dire comment les couleurs entrent, restent, se déforment ou non dans nos souvenirs. Et c'est vrai qu'on va vous dire tout ça, mais pas dans VOS souvenirs, dans ceux de Michel Pastoureau. Le "nous" du titre était un "nous" de majesté. Lisez plutôt "Les couleurs de mes souvenirs". L'auteur explore son passé sous l'angle des couleurs qui très jeune, l'ont fasciné et préoccupé,

« C’est vers cet âge-là, celui de mes 13 ans, que je pris réellement conscience de mon hypersensibilité chromatique .»

Aussi les anecdotes lui viennent-elles facilement et nombreuses, et si on ne peut pas ne pas voir le plaisir qu'il prend à parler de lui, on reste quand même intéressé par le nombre des histoires et leur renouvellement perpétuel. A nous ensuite de nous débrouiller pour faire le parallèle avec les nôtres, de souvenirs. Nous y apprenons quelle couleur il déteste (le violet) et quelle est sa couleur préférée, (le vert) alors que pour ma part je me demande encore comment on peut avoir des couleurs préférées ou détestées, je les aime toutes. Mais bon, d'accord, c'est noté. Vert qu'il tient à considérer comme une couleur de premier plan au même titre que le rouge, le bleu ou le jaune. Il ne dit pas ici très clairement s'il nie les notions de couleurs primaires et secondaires, mais en tout cas, cela ne détermine pas pour lui la place d'une couleur. Pour M. Pastoureau, il y a "six couleurs de base (blanc, rouge, noir, vert, jaune, bleu) et cinq couleurs du second rang (violet, orangé, rose, gris, brun) - le reste n'étant formé que de nuances et de nuances de nuances-, on obtient un total de onze couleurs". (p.213).

C'est vrai que ça étonne au début. Tous ceux qui s'intéressent aux couleurs avaient bien remarqué que le vert, répertorié couleur secondaire, avait quand même bien une place particulière. Ce n'est pas une complémentaire comme les autres. On ne peut pas le nier. De son côté, le placement du noir et du blanc au rang de couleurs, lui, ne m'a pas étonnée du tout parce qu'en fait, même si tout le monde aime bien répéter comme des perroquets que "le noir et le blanc ne sont pas des couleurs", la vérité c'est que je n'ai jamais vraiment compris ce qu'ils voulaient dire. par là. Qu’ils ne sont pas dans le prisme de Newton ? Est-ce que cela veut dire ne pas être une couleur ? Que désignait-on par le mot couleur avant la découverte d’Isaac ? Ou alors, on joue sur le mot « couleur », non ? Ainsi mon dictionnaire ne me dit-il pas que c’est une couleur, mais que c’est une « teinte ».

C'est pour ce genre de considérations, plus toutes les anecdotes vivantes, l’Histoire avec un grand H, les sources montrées, les piques contre les adversaires (les sociologues!) et ce mélange d'arguments fondés et de subjectivité que l'ouvrage captive son lecteur qui va le dévorer d'un bout à l'autre sans le moindre ennui. On s'y cherche, on s'y trouve, on s'y reconnaît, ou non, on admet, on conteste, bref, on entre complètement dans ce livre peut-être à cause de son défaut même qui est d'être trop personnel, eh bien nous aussi, on y entre personnellement et on compare avec NOS souvenirs. Pour conclure, c’est un bon ouvrage de vulgarisation, particulièrement abordable sans être simpliste , très plaisant à lire et je lirai d’autres ouvrages de l’auteur.

On notera en clin d’œil que le dernier chapitre s’intitule « Qu’est-ce que la couleur ? » Il était temps de se poser la question, en effet ! Ah mais non, on ne fait qu’y répondre depuis le début.


978-2757854471


04 juin 2024

L'Arabe du futur Tomes 4 à 6

de Riad Sattouf

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Ce départ pour l'Arabie Saoudite annoncé par le père en dernière page du tome 3, c'en était trop! C'est ce qui a fait basculer les choses, la mère dont on observait depuis le début avec étonnement l'extraordinaire tolérance, décide qu'elle n'en fera pas plus et retourne en France auprès de ses parents. Les trois premiers tomes montraient une enfance au Moyen-Orient sous l'autorité d'un père erratique et incompréhensible et dans des conditions difficiles, les trois derniers nous montreront une adolescence et un début dans la vie en France tout aussi difficile avec un père lointain mais au pouvoir de nuisance encore fort.

Tome 4 (1987-1992) : La famille est revenue en Bretagne auprès de la grand-mère maternelle et de Charles, son compagnon sympathique. La père qui se vante pourtant d'être très bien payé en Arabie Saoudite (mais est-ce vrai? Il ment tellement!) leur verse une pension alimentaire à peine suffisante pour nourrir sa femme et ses trois fils qui ont cependant trouvé une petite location. Le père a investi dans "un compte rémunéré à Jersey" qui va faire leur fortune.



Riad fait encore des allers et retours pour trouver à chaque fois un père plus intégriste et moins cultivé et qui n'envisage pas de s'installer en France. Il y vient parfois voir sa famille, mais il ne s’y plait pas. Riad se coupe les cheveux et cesse d'être l'angelot aux boucles blondes pour devenir l'ado qui fantasme sur les héroïnes de BD. Sa passion d'enfant pour le dessin se confirme. Le tome 4 se termine dramatiquement par l'enlèvement de son plus jeune frère par le père qui l'emmène en Syrie.

Tome 5 (1992 – 1994) : La mère complètement désemparée ne peut que constater qu'elle ne parvient pas à récupérer son tout jeune fils. Elle se lance dans les tentatives les plus désespérée, se tourne même vers les voyantes et autres charlatans, fait le siège de tous les ministères possibles, envoie des dizaines de lettres à tous les personnages auxquels elle songe, fait même un pèlerinage... sans résultat et elle sombre dans la dépression. Riad, un peu négligé pas l'ambiance de désespoir, développe des tocs et finit ses années de lycée où il découvre les émois et les complexités du sentiment amoureux... Le second frère, Yahya, apparaît souvent en arrière plan mais les liens entre Riad et lui semblent très flous. Riad a réussi avec le temps à établir le contact avec son petit frère en anglais, par les réseaux sociaux mais c'est pour l'entendre dire qu'il veut rester en Syrie qui est un grand pays et lui demande à lui, de le rejoindre.

Tome 6 (1994 – 2011) : Riad poursuit ses études et entre dans les écoles d'art. Il s'oriente assez vite vers la bande dessinée. Il travaille énormément mais constate qu'il va être très difficile d'en vivre. Il est toujours en relation lointaine avec son petit frère mais n'en parle pas à sa mère pour ne pas lui apprendre que loin de vouloir rentrer, il leur demande toujours de venir le rejoindre. Riad se lance dans une psychanalyse onéreuse mais bénéfique qui lui permet de mieux gérer tout ce qu'il a vécu.


Il s'introduit peu à peu dans le monde de la BD. Son père a pris une seconde épouse en Syrie avec laquelle il a eu deux enfants. Les grands-parents vieillissent et commencent à s'éteindre. La mère n'a jamais refait sa vie et est toujours restée dans l'attente du retour du fils qu'on lui a arraché. Finalement, Riad apprend la mort de son père qui n'est jamais devenu riche ou respecté et réalise que cet homme velléitaire et chimérique qu'il a même soupçonné un temps d'être un espion tant on était dans l'illogique, était plutôt malade mentalement.

Si le décor et l'ambiance ont complètement changé par rapport aux trois premiers volumes, ces trois tomes sont pourtant tout aussi captivants, et la saga se termine par un tome 6 passionnant. Alors, SURTOUT, si vous lisez l'Arabe du Futur, lisez-le jusqu'au bout. C’est une excellente biographie dessinée. Cinq étoiles d'un bout à l'autre.


01 juin 2024

CHALLENGE PAVÉS DE L’ÉTÉ 2024

Bonjour , 

Vous voulez participer aux Pavés de l'été 2024, il est temps de vous inscrire. Je rappelle les règles du jeu, peu nombreuses mais ne souffrant aucune exception 😇:

1) Lire au moins un livre D’AU MOINS 500 PAGES (tolérance zéro pour le nombre de pages) pouvant être un roman, une (auto)biographie, un récit - témoignage ou encore un essai (mais pas de roman graphique car la perception du nombre de pages est différente). C’est un volume unique (on ne peut pas additionner les pages des volumes d’une série pour arriver au total requis, à moins qu’un éditeur ne les ait rassemblés dans une intégrale papier).

2) Ce livre, vous pouvez le lire dans sa version papier ou numérique ou l’écouter en version audio, mais IL DOIT EXISTER DANS UNE VERSION PAPIER D’AU MOINS 500 PAGES (je me réfèrerai au nombre de pages annoncé sur les sites Fnac ou Amazon puisque c'est un renseignement qu'ils donnent toujours)

3) A la fin de votre billet, vous mettez le logo du Challenge (ci-dessous) + un lien vers la Page récapitulative (obligatoire) . donnée ici le 21 juin. En échange vous mettrez votre propre lien sur les pages du challenge.

4) Durée du Challenge : du 21 juin au 22 septembre inclus
Modalités de participation :

  • inscriptions dans les commentaires du présent billet dès à présent 
  • publication des billets (ou critiques sur n'importe quel réseau social pour les non blogueurs) à partir du 21 juin (et pas avant). Ces billets doivent obligatoirement faire au moins une quinzaine de lignes (éventuelle 4ème de couverture non comprise).
  • dépôt des liens vers vos billets  via les commentaires de la Page Récapitulative qui ouvrira sur La petite LISTE le 21 juin. Une fois homologués (très rapidement si les 3 premiers points du règlement sont ok), ils iront dans la page récapitulative.

N’hésitez pas à poser vos questions éventuelles dans les commentaires.

ALORS, PRÊT(E)S A RELEVER LE DÉFI 🙂 ?

Inscrivez-vous dans les commentaires  




PARTICIPANTS  par ordre d''inscription: 

Anne

30 mai 2024

Testosterror 

de Luz

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Voici un gros roman graphique étonnant, extrêmement original et inspiré. C'est l'histoire de Jean-Patrick, beauf de première catégorie, que nous découvrons lors d'un de ses dimanches habituels, préparant le barbecue avec ses copains, la cannette à la main tandis que les épouses bavardent à la cuisine en préparant le reste du repas. Dans son groupe de copains, il n'a pas un rôle dominant. Parmi ceux-ci, il y a Cébé, vendeur à Bricokosto et Jo le coach sportif et patron d'une salle de gym, hyper machos tous les deux. Jean-Pat, lui, est concessionnaire auto, pas méchant, mais jamais il ne lui viendrait à l'idée de participer aux tâches ménagères, de s'occuper des enfants, d'écouter sa femme etc. Bref, tels qu'on les découvre là autour du barbecue, ils sont insupportables. 


Les enfants sont clairement formatés dans leurs rôles genrés respectifs bien que cela pose visiblement problème pour certains, à commencer par 2 des 3 enfants de Jean-Pat. Mais il continue sur sa lancée sans se poser de questions et sans se rendre compte de rien. Mais voilà qu’apparaît une épidémie mondiale d'un genre nouveau: elle touche les hommes, fait chuter leur taux de testostérones, attaque leurs testicules et les rend stériles. Elle est extrêmement contagieuse et se propage dans le monde entier. Elle terrorise tous les hommes, attachés plus que tout à conserver une "virilité" maximum. Bientôt le pays connaît confinement, pénurie, etc. Vous savez comment ça se passe. Et la maladie se répand.

Se sentant menacées dans leur virilités, certains hommes soupçonnent bientôt les "féministes" d'être à l'origine de la maladie et créent un mouvement masculiniste d'hypersexisme. Jo est le leader de ce nouveau mouvement dans lequel Jean-Pat se trouve entraîné et où il fera entrer son fils qui le dépassera bientôt. Plus les hommes sont paniqués par le virus, plus ils ont tendance à rejoindre ces thèses. Dans les pharmacies apparaissent des compléments Testobooster, Testokrem et autres, dont certains agissent comme des drogues. Jean-Pat ne tarde pas à être contaminé par le virus. 

Peu à peu, il réalise que ses performances sexuelles ne sont pas les seules en chute libre, toute sa personnalité est en train de changer. Il se sent de moins en moins perméable aux injonctions masculinistes, de moins en moins obligé d'être agressif, offensif, costaud, dominant, insensible etc. Et il constate qu'il apprécie cette nouvelle façon de voir la vie et son rôle dans le monde. Bien sûr, il ne peut l'avouer à ses copains. Son fils de son côté, prend du galon chez les virilistes.


Parallèlement, Jean Pat a trouvé et adopté un petit chien qui est un vrai obsédé sexuel au point qu'il devient bientôt impossible de le garder tel qu'il est. Ainsi sera-t-il stérilisé, idée que les virilistes ne peuvent admettre bien que le chien, adoré par Jean-Pat, ne semble pas se plaindre lui non plus de son changement de situation.

Comment tout cela finira-t-il? 300 pages d'un roman graphique hyper créatif, plein d'idées originales, de développements imprévus, de péripéties surprenantes, de scènes cultes, de réflexions plutôt profondes et fouillées, mais présentées de façon drôle, iconoclastes, choquantes parfois. Constamment de nouvelles surprises! A la fois de grosses blagues bien crues et un scenario qui ne manque pas de finesse. Jean-Pat nous retourne. On part du pire beauf possible et on voit son évolution involontaire suite à cet accident de testostérones. Son changement de vie.

 Quant au dessin, il est fantastique. On voit tout de suite que cet album a demandé un boulot énorme et que Luz est un ENORME dessinateur. Il nous offre du mouvement partout, les angles de vue les plus surprenants avec toujours une totale exactitude dans les perspectives. Un travail admirable et une totale réussite à mon sens.


978-2226474674


25 mai 2024

La petite fille qui aimait Tom Gordon 

Stephen King

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Stephen Kig, c'est comme S. Brussolo, j’aime bien en lire un de temps en temps quand j'ai envie de faire un break. Cette fois, c'était ce classique déjà ancien mais que je n'avais pas encore lu ou alors complètement oublié. 

L'ambiance est morose chez Trisha, 9 ans, depuis que ses parents ont divorcé. Elle voit son père toutes les deux semaines, mais vit le reste du temps avec sa mère et son grand frère ado, et ces deux-là passent leur temps à s'affronter. On n'a plus beaucoup le temps de s'occuper de Trisha. Mais la mère, jamais découragée -ça doit être de famille-, lutte contre le vent et continue à organiser des activités récréatives qu'ils font tous les trois.

 Cette fois, c'est une excursion sur la piste des Appalaches. Le matin, chacun a préparé son propre sac à dos dans les règles de l'art. Pique-nique, boisson, vêtements adaptés et bonnes chaussures, et les voilà en route. Ils sont des randonneurs assez expérimentés compte tenu de leur âge. Dans la voiture, Trisha à l'arrière essaie de s'évader par la pensée pendant que Pete et Maman s'affrontent devant. Elle évoque sa passion pour le baseball et spécialement pour un joueur nommé Tom Gordon dont son père a réussi à lui obtenir une casquette autographiée, suprême trésor. Arrivés à destination, ils se garent et se mettent en route à pied. Pete et Maman continuent leur discussion sans fin. 

Démoralisée par la situation, Trisha les laisse s'éloigner un peu pour moins les entendre et tenter d'échapper à l'ambiance exécrable. Elle s'enfonce même un peu dans les bois dépourvus de chemins sans qu'ils lui prêtent la moindre attention et voilà qu'elle réalise qu'elle les a perdus de vue! Mais elle avait vu que le chemin faisait une courbe et en conclut qu'en coupant dans le bois elle ne tardera pas à croiser à nouveau le chemin et peut-être même se trouvera-t-elle face à eux. Elle se lance mais au bout d'un moment, se dit quand même qu'elle marche depuis longtemps et qu'elle aurait déjà dû recroiser le chemin. Elle regarde autour d'elle, se demande si elle ne ferait pas mieux de faire demi-tour. Oui, mais de quel côté? En l'absence de chemin elle ne sait pas plus d'où elle vient qu'où elle doit aller. Trisha doit s'avouer qu'elle est perdue pour de bon...

Les Appalaches c'est grand, c'est sauvage, il y a des ours et allez savoir quoi d'autre, qui y guettent les proies faciles. Trisha n'a que neuf ans et un pique-nique... et une casquette de Tom Gordon. Elle va beaucoup espérer que les adultes s'aperçoivent de son absence, la recherchent et la retrouvent. En attendant, elle marche et finit par trouver un ruisseau. Partant du principe qu'il finit toujours par y avoir des hommes le long des rivières, elle décide de le suivre, d'autant que cela lui évitera de tourner en rond. Un jour passe, puis deux... les secours sont en alerte mais ne la trouvent pas. La nuit, elle se blottit là où elle peut et sombre dans le sommeil. Pas facile, d'autant qu'elle le sent bien, maintenant, quelque chose l'a repérée et la suit de très près.

Stephen King est tellement fort pour nous maintenir sous son emprise! Nous ne quitterons plus Trisha d'un pas jusqu'à la fin. Il nous a accrochés à elle d’une totale empathie. Nous serons même dans son cerveau. Nous saurons comment elle se tient compagnie en se remémorant constamment des expressions des membres de sa famille ou de sa copine délurée.Nous suivrons ses mésaventures, ses choix, judicieux ou non, son affaiblissement jusqu'à un seuil critique. Nous admirerons son incroyable pugnacité, là où même des adultes auraient flanché. Nous verrons comment un compagnon imaginaire, surtout quand c'est un lanceur hors pair des Red Sox, peut aider à surmonter bien des épreuves. Nous serons là quand elle aura perdu presque un tiers de son poids et quand la chose se montrera...


978-2253151364



22 mai 2024

 Le Challenge des Pavés de l'été 2024 débutera en juin.


A partir du 1er juin, vous pourrez ajouter votre nom 

à la liste des participants sur le blog
(première liste par ordre d'arrivée)
J'espère que vous serez nombreux !


 A partir du 21 juin, vous pourrez indiquer vos titres avec le lien

Et voici le logo à mettre en bas de votre chronique,
il n'est pas aussi beau que je l'aurais voulu,

 mais j'ai fait ce que j'ai pu : 


Voulez-vous revoir ce que cela a donné en 2023?

C'est là =>   

19 mai 2024

Cent portes battant aux quatre vents

de Steinunn Sigurdardottir

****+


Titre original : hundrad dyr i golunni  qui se traduit littéralement par "une centaine de portes dans la brise" , comme  me le dit translate.google qui parle islandais mieux que moi et que j'avais consulté parce que je ne suis pas comptable et je trouvais qu'il y avait beaucoup de nombres dans ce titre-là. Je pense que ce titre illustre la totale liberté de la narratrice et la multitude des possibilités qui s'offrent à elle. Totale liberté ne signifie pas forcément que l'on obtient tout ce que l'on veut, et uniquement ce que l'on veut. Nous le verrons.

Brynhildur femme riche et cultivée, bien mariée à un Bardur riche, cultivé, non oppressif et fou amoureux, mère de deux grandes filles qui ont quitté le nid mais sont restée proches de leur mère et attentives. Elle fait un séjour à Paris. Elle a tout, me direz-vous. Pourtant, à l'occasion de recherches chez les antiquaires, elle rencontre un beau vendeur de paravents, lui-même pourvu de toutes les qualités et qui n'attendait qu'elle. Les voilà amants. L’affaire est vite menée, mais sans vulgarité. A ce stade, je me disais qu'on devait être dans une rêverie, un fantasme, mais non, enfin pas plus que tout roman n'est fantasme.

Après cette agréable parenthèse, elle rentre chez elle et les souvenirs de son passé à Paris, alors qu'elle faisait ses études à la Sorbonne remontent, et c'est ainsi que nous découvrons la vraie histoire d'amour de sa vie, celle qui a occupé ses trois dernières années d'études et qui était si totale qu'elle ne s'en est jamais remise. Et nous en apprenons de plus en plus sur Brynhildur pour découvrir au bout de 120 pages que loin, d'être une vision simplifiée des relations humaines, nous avons là une peinture très fine t d'une extrême justesse, qui n'ignore rien de ce qui est derrière les décors.

De la légèreté dans le grave, une fantaisie littéraire et érotique, du subjonctif et de belles phrases autant que le lecteur peut en espérer, de la joie, de la tristesse, de l'ironie et voilà que nous nous souvenons que Steinunn Sigurdardottir n'est pas qu'islandaise, elle est aussi philosophe, psychologue et poétesse et que cela se sent. Joli.


978-2264058270